TONNERRE SUR LA TAMISE
Sur la foudre qu'il a soumise
Vulcain forge son oraison,
Son soufflet rougit l'horizon
Et ensanglante la Tamise.
Le Forgeron frappe l'enclume,
L'acier râle sous le marteau,
A Balmoral râle l'écho.
La vague crache son écume.
Sur la cité, incandescent
Le ciel a brasé son orage,
Sa lance zèbre le nuage
Et trempe son fer dans le sang.
Roger-André Halique
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Et Rendez-vous Samedi… Si ça te dit !
Le poème du Samedi
25 juin 2011
A Marcelle Rosnay
Ecrit le 2 .09. 1976 au cours de la "Croisière des poètes"
LA CROISIERE
On dirait un bateau en poèmes pliés
Fait de papier d'Azur.
Le soleil adjudant
Galonné de rayons
Le regarde glisser
Comme une plume…Au fil de l'eau.
Soudain
Bousculant des lunes paresseuses
Couchées en rangs d'oignons
Une sirène jaune
Ouvre sa grande gueule :
-"Tout l'monde sur le pont !...pont …pont !"
Colin-tampon …Tonton mirliton… Colin-tampon
-"Tout l'monde sur le pont !..."
Alors le paquebot éternuant
libère sa couvée de dindons.
- "Tout l'monde sur le pont !...pont…pont !"
Tonton mirliton… Colin-tampon …Tonton mirliton
- "Tout l'monde sur le pont !..."
Les gros estomacs rouges
Tels affolés et ivres
Ventripotent dans les coursives
Qui de gauche … Qui de droite… Et qui de son bedon !
Jarry est là, avec Ubu, sa reine
Et tout son bataillon
"Merdre, Merdre !…"
Jure le commandant
S'adressant au second
Resté seul étonné sur le pont
"Merdre !…
Tout l'monde est au bouillon
Sacré nom !!!"
www.poesiehalique.com Roger-André Halique
LE FLEUVE
Vibre source naïve
En couches solennelles !
Enfante ton eau vive
Entourée des prêtresses
Les neiges éternelles
Qu’autourde toi s’empressent.
Descends vivant clairet,
Sur la roche éclabousse,
Quand le printemps paraît,
En sautant du berceau
L’oreille de la mousse
Et la joue du roseau !
Chante ruisseau petit
Ta chute à des réveils
Qui chantent dans le nid,
Chante aux jeux des lapins
Qui comptent les soleils
En dansant sous les pins !
Glisse au souffle du temps,
Vas miroir du pêcheur
Au bouchon indulgent,
L’amour porte la terre
Tout est calme et fraîcheur
Tout peut encore se faire !
Passe jeune rivière
Abandonne à l’amont
Ta route familière,
Passe chez les humains
Et charrie leur limon
Sous le fouet des moulins !
Trime torrent captif
Tu bordes ton eau noire
D’un sanie maladif,
Raisiné des turbines.
Tu n’es plus bonne à boire.
Trime dans les usines !
Pleurs fleuve abusé
Déjà tes ondes rident
Et ton sang est usé.
Tu t’alanguis le soir
Dans des pensées morbides
Coulant au déversoir.
Meurs ingénu poète !
C’est la fin d’un voyage.
A ta mort le vent jette
Sans faire de sermon
Sur ton dernier rivage
Un bouquet de goémon.
« Premier quartier »
Mon Dieu !
Mon Dieu ! Triste infortune !...
Pour qu'il ne reste de la lune,
Votre colère passée,
Qu'une moitié
D'assiette cassée !
Et ces milliers d'éclats brillants
Eparpillés
A tous les vents !...
Assurément.
Vous avez dû
Vous chamailler
Pour oublier
De balayer
Le firmament !
Roger-André Halique
L'Athommme
Sur une branche juché
Au milieu de son pommier
L'athomme jongle avec des pommes
Pommes…pommes… pommes… l'astronome !
Comme un singe avec des œufs
Zeu… zeu… zeu… le beau jeu !
L'athomme jongle avec ses pompes
Pompe… pompe… pompe… le pompier !
L'athomme jongle avec ses pieds.
Sur une branche juché
Au milieu de son pommier
L'athomme jongle avec ses pompes
Pompe… pompe… pompe… le pompier !
Mais qu'importe le pompier
Yé… yé… yé…Car en dernier
Quand les œufs vont s'écraser
Pommes… pommes… pommes… l'astronome !
L'athomme tombera sur le nez…
Dans sa tombe
Plus d'athomme…
Plus de pomme…
Et plus de pompier !...
Il en sera pour ses pieds.
Roger-André Halique
LE HAUTBOIS ET LES TROIS KEPIS
Sous la lune de minuit
Un hautbois jouait la nuit
Jolie voix de bois de buis
Dans un joli bois de buis…
Trois hommes portant képi
Suivaient l'ombre des taillis.
Le hautbois jouait la nuit.
Le premier avait sur lui
Un sabre de cavalerie
Jolie voix de bois de buis,
Le second, de l'infanterie
A la bretelle un fusil,
Dans un joli de bois de buis
Le troisième, de l'artillerie
De la poudre dans un baril …
Sous la lune de minuit
Quand le joueur fut assoupi
Passant près de l'endormi
Trois hommes marchaient sans bruit
Traînant, le sabre se prit
Dans les pieds de celui-ci,
Rude pas de l’oie sur lui !
Dans la mêlée qui suivit
Chacun vit son ennemi
Dans un joli bois de buis,
Et un coup de feu partit
En plein milieu du baril
Jolie voix de bois de buis !
L'explosion qui s'en suivit
Embrasa tout le taillis
Le joueur et les trois képis
Dans le bois tous ont péri :
Jolies croix de bois de buis !
En ce point de mon récit
Je vous laisse à vos soucis
Sous la lune de minuit…
www.poesiehalique.com Roger-André Halique
LES LUCIOLES
Poursuivant les feux des lucioles
Dés que s’éteignent les velux
De mes horizons fatigués
Mon âme s’envole vers elle
Sur une fugue traversière…
Qui m’emmène vers l'auréole
De la pâle couvée de lune
Aux mille rêves étoilés
Caressant l'heureux souvenir
De sa chevelure cavalière
Qu'elle déployait en espagnole
En se couchant sur l'oreiller
Comme le soleil sur la terre
Ardente de me recouvrer
De sa dévorance incendiaire
Je baisais sa bouche créole
Au crépuscule du coteau
Telle la brise de l’été
Ma main sur sa hanche glissée
Sur le gras de sa jarretière…
C’est une fièvre qui s'étiole
En des pétales d’un chagrin
Qui en larmes se cristallise
En une rosée du matin
Sur les fanes d’un cimetière !
A la lumière des lucioles
Je n’ai cesse de la chercher
Dans les échos de nos étreintes
En leur couche d'herbes tassées
Sur une flûte traversière…
LES COMPAGNONS DE LA MISERE
Le compagnon de la misère
Tas de fagot couché par terre
Dans un édredon de brouillasse
Le long du canal Saint Martin
A le froid pavé pour paillasse
Et la bise en réveil matin.
Sa tête sur de vieux journaux
Le nez sanguin sous un chapeau
Et sur l'épaule une pelisse
Vermoulue, couleur de rien
Il dort sous loeil de la police
Qui veille au sort du citadin !
A quoi rêve cet esseulé
Sous son baldaquin étoilé
Chemine-t-il dessous sa toile
A travers des champs exotiques ?
Déchire-t-il les mille voiles
De ses fantasmes érotiques ?
Dans les limbes de son errance
Dieu ! Aide le par ta clémence
Sur son hiver à triompher !
Invite le dans ton église,
Pour quil entre sy réchauffer
Avant quil ne se paralyse !
Le sommeil est l'unique bien
A ceux qui ne possèdent rien.
Mais, avant que la mort n'écourte
Leur destinée, l'aube décide...
Aux miséreux la nuit est courte
Et la rosée par trop acide.
Sous l'il blafard des réverbères
Endormis des matins austères,
Dans une brume qui enivre,
Comme des buissons empesés
Les humbles gueux secouent le givre
De leurs membres ankylosés.
En grognant en guise d'ave
Le vagabond sest relevé,
Et suivant le train dun chaland
J'ai vu son ombre sévanouir
Comme celle dun vétéran
Tournant le dos à l'avenir.
oème du samedi
13 novembre 2010
ADVERTERO
Ô âmes insensées qui marchez au néant
Rallumez votre amour et changez votre temps !
A trop vouloir semer on sème le désert
Il faut la liberté au sang pour rester vert.
Quand vos champs de batailles sont livrés aux vautours
Dites-vous que la Mort guette aussi votre tour !
Nélevons pas de murs pour tracer des frontières
Quel que soit notre peau nous sommes tous frères !
Si la terre a des droits sur les charognes nues
Aucun être ne peut sapproprier les nues.
A courir sur un globe on ne fait que des rondes,
Lunivers se mesure au silence des mondes.
Or lhumaine grandeur tient dans sa petitesse
Et vouloir être Dieu est une maladresse.
Mais qui veut écouter un poète qui gueule
Quand au pied de la Croix lhumanité est veule ?
Largent brûle la vie, et blasphème est la guerre
Dès lors que lhomme oublie que sa mère est la terre.
Roger André Halique
Le poème du Samedi
6 novembre 2010
« Accepte mon Ami….Que je t’offre aujourd’hui
« Un étrange étranger »
Un étrange étranger sous un oranger
Se tranche une tranche d’orange orange
Mange son orange.
Sous son oranger l'étrange étranger
Plonge dans un songe où un ange échange,
Etrange !
Son orange orange contre une mésange
D'un bleu de ciel d’ange.
Quand une mésange se met à chanter
Dans un oranger, songe l’étranger
Etrange
Quel étrange échange qu'une orange orange
Contre une mésange !
Sans rien déranger, comment partager
Dans un oranger, s'interroge l'étranger
Etrange,
Les oranges bleues des mésanges oranges
Qui s'y mélangent ?
L'étrange étranger sous son oranger
Se tranche une tranche de mésange orange.
Etrange !
L'étrange oranger se met à chanter
Comme une mésange…
Et l’orange bleue se met à tourner
Au milieu des anges…
Roger-André Halique
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Et à samedi !...
Le poème du Samedi
Le poème de Toussaint
1er novembre 2010
Le cimetière Saint Michel de Saint Brieuc
Un jour déjà que je suis mort
Du fond de mon confiteor
Jentends la marche qui résonne
En des pas d'un glas monotone
Sur ma tombe de trépassé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !.
Un jour déjà que je suis mort
Et sitôt le diable me mord
De ses dents cruelles de rat
Ma fange demain nourrira
Les racines d'un vin glacé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !
Un jour déjà que je suis mort
Pourtant le soleil au dehors
Continue de peindre en couleurs
La terre, le ciel et les fleurs
Pour à la nuit les effacer.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
L'homme au pommier se pend encor
Et son âme se love autour
Du tronc délicieux de l'Amour
Corps de femme, corps enlacé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Que ne l'ai-je vécu encor
Et revenir pour mes adieux
Voir mes amis de Saint Brieuc
Sur ce, partir sans grimacer.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Je m'en vais mûrir le remords
Au delà d'une mer putride
Odyssée, Iliade, Enéide,
Tant de voyages dépassés
Pour accoster un dernier port.
Ad requiescam in pace !
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer.
Roger-André Halique
Poème du 31 juillet 2010
LA PYRAMIDE
Dis
Toi que
Le bonheur
Est fleur fragile
Son semis est l'amour
Sa terre un coeur fertile
Qu'on se doit d'arroser chaque jour
Mais s'il se construit comme une pyramide
d'argile, il peut tout aussi s'effondrer en un jour !
Roger-André Halique
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∞∞∞
Poème du 8 août 2010
QUID EST ?
Ainsi qu'un poisson ivre au milieu du désert
La raison se débat dans un cercle d'enfer
Et cherche vainement l'eau de la connaissance
Pour savoir de la mort sa nouvelle naissance.
Ô vaste incertitude où l'homme disparaît
Si loin de son clocher ou de son minaret !
S'il meurt au glas, peut-il renaître au carillon,
Comme au soir la chenille au matin papillon ?
L'artiste rêve en vain des couleurs de l'étoile
Pour tenter d'esquisser une âme sur sa toile.
Quand on dessine un dieu assis sur un nuage
Comment imaginer ce qui n'a pas d'image ?
Roger-André Halique
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LA BOUTEILLE
Alors que j'attendais d'une bouteille vide
Témoin illuminé de mon ennui morbide
L'ultime réconfort sur la nuit qui bascule,
J'ai vu dans son cristal l'éclair d'un crépuscule.
Mélangeant son ivresse à ma mélancolie
J'ai discerné en lui une secrète vie :
Rien ne laisse penser que le litre soit plein
De l'air que l'on respire en le vidant du vin.
Et pourtant ! Se pliant à sa nouvelle norme
De sa cage le gaz a épousé sa forme.
Semblable à un génie prisonnier du bocal
Assis, il se morfond sur un culot bancal.
Dorénavant il n'est qu'à travers la forme,
Misérable captif d'un état qui déforme
L'esprit par la matière et l'âme par le corps,
Inexorablement prisonnier de son sort.
Comme le dieu cruel, en capricieux gamin
Fauchant son jeu de vies d'un revers de la main,
D'un geste j'ai heurté la bouteille d'alcool
Qui, déséquilibrée s'est brisée sur le sol.
Hormis d'épars éclats, rien n'a changé, pourtant
L'air se libère et vole aux quatre coin du temps
Comme font les esprits que délivre la Mort.
C'est ainsi qu'il en est de l'âme en notre corps.
Quand l'ange la délie de nos chaînes de chair
Du tombeau elle joint le lumineux éther
Où dans l'éternité l'âme en Dieu communie
Là où tout est amour, parfum et symphonie.
Roger-André Halique
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L’AMANTE RELIGIEUSE
Belle de nuit, Belle de jour
Sous les yeux complices d'Eros
Ta vision m'invite à l'amour
Dans les collines de Lesbos
Je goûte à ton sein plein de vie
Je m'enivre de son éther
Nectar d'une amphore sortie
D'un vendangeoir de Jupiter
C'est le jus des plaisirs sensuels
Qui coule des raisins en grappes
Que l'on servait aux immortels
En de lumineuses agapes
Si la souffrance m'est cruelle
O combien elle est mon délice
Quand de la jouissance sexuelle
Ta bouche en forme son calice
Tu es la mante religieuse
Qui me dévore les entrailles
Ma chaude amante licencieuse
Jusqu'au lit de mes funérailles
Et puisqu'il faut un jour mourir
J'en accepte la condition
Pourvu que je sois ce martyr
Brûlant au feu de ta passion.
Roger-André Halique
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Poème du 25 septembre 2010
AUTOMNE EN BROCELIANDE
L’automne est arrivé sur un galop d’orage.
La pluie en perles tinte aux crosses des fougères
Et tombe en rideau de ses tonnants nuages.
La lande se prépare au sabbat des sorcières
Pour battre le rappel de ses rites obscures…
A la nuit les menhirs iront boire aux rivières !
La lune qui se voile en est de bon augure
Sous un dais frémissant le saint Graal étincelle
Les fées sont de retour, le bois se transfigure.
Viviane au coin du feu festonne sa dentelle
Et Morgane en son Val garde son prisonnier
Dont la plainte de rus en fontaines ruisselle.
C’est l’heure où l’an fané rebronze son cimier
Les ors de l’Arcadie pleuvent sur Brocéliande
Donnant des yeux au gui et du sang au pommier.
Roger-André Halique
∞∞∞
LE POEME DE LA TOUSSAINT
1er novembre 2010
Le cimetière Saint Michel de Saint Brieuc
Un jour déjà que je suis mort
Du fond de mon confiteor
J’entends la marche qui résonne
En des pas d’un glas monotone
Sur ma tombe de trépassé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !….
Un jour déjà que je suis mort
Et sitôt le diable me mord
De ses dents cruelles de rat
Ma fange demain nourrira
Les racines d'un vin glacé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !…
Un jour déjà que je suis mort
Pourtant le soleil au dehors
Continue de peindre en couleurs
La terre, le ciel et les fleurs
Pour à la nuit les effacer.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
L'homme au pommier se pend encor
Et son âme se love autour
Du tronc délicieux de l'Amour
Corps de femme, corps enlacé.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Que ne l'ai-je vécu encor
Et revenir pour mes adieux
Voir mes amis de Saint Brieuc
Sur ce, partir sans grimacer.
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer !...
Un jour déjà que je suis mort
Je m'en vais mûrir le remords
Au delà d'une mer putride
Odyssée, Iliade, Enéide,
Tant de voyages dépassés
Pour accoster un dernier port.
Ad requiescam in pace !
Un jour déjà que je suis mort
Et je ne l'ai pas vu passer…
Roger-André Halique
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